La désagrégation constitue la toute première étape qui permet à l’ingrédient actif formulé de se dissoudre et d’être absorbé, en particulier dans le cas des formes médicamenteuses solides à dissolution orale, comme les comprimés et les capsules. Il s’agit d’une étape cruciale qui détermine la vitesse d’absorption pour que l’ingrédient actif devienne biodisponible et qui’il produise son effet thérapeutique.
Il y a trois principaux mécanismes de désagrégation : le gonflement, l’effet de mèche et la reprise de la forme. Le gonflement se produit lorsque la matrice du comprimé ou de la capsule entre en contact avec de l’eau. Les particules désagrégées et relativement bien réparties gonflent de plusieurs fois leur volume d’origine, ce qui crée une tension suivie d’une force de rupture à l’intérieur de la matrice et entraîne sa désagrégation. Ce mécanisme est plus efficace avec les matrices de comprimés insolubles qui permettent une résistance à l’intérieur, laquelle est responsable de la désagrégation complète. L’acide alginique, l’alginate de sodium et le glycolate d’amidon sodique sont des exemples de délitants qui prennent de l’expansion.
Les délitants à effet de mèche agissent en absorbant l’eau dans la matrice, ce qui crée des canaux qui entraînent la séparation des particules et, ultimement, la rupture et la désagrégation de la matrice de l’intérieur. Les matières obtenues sont généralement fibreuses et utilisées pour les matrices solubles. L’amidon, la croscarmellose, la cellulose microcristalline, la carboxyméthylcellulose et l’hydroxypropylcellulose à faible degré de substitution sont des exemples de délitants à effet de mèche.
Les délitants avec reprise de la forme, comme la crospovidone, offrent une excellente compressibilité et subissent une déformation plastique durant la compression du comprimé. Au contact de l’humidité, ils reprennent leur forme initiale en libérant l’énergie potentielle emmagasinée pendant l’expansion, ce qui crée ultimement une force de rupture dans la matrice et, par conséquent, sa désagrégation. Non ionique, la crospovidone est utile comme délitant indépendant du pH.
L’effet de mèche, ou l’absorption de l’eau ou du liquide dans la poudre compacte, constitue généralement la première étape lorsqu’une forme médicamenteuse entre en contact avec le milieu liquide. Par la suite, le procédé est régi en fonction de la nature du délitant.
Figure : Mécanismes de désintégration (Source : Pharm Res (2017) 34 : 890–917)
Superdélitants : Les délitants conventionnels, comme l’amidon et les dérivés de la cellulose, ont été utilisés traditionnellement avec plus ou moins de succès. Le taux de désagrégation souhaité est atteint lorsque les délitants sont utilisés à des concentrations plus élevées (de 5 à >10 %) selon leur mécanisme d’action, leur qualité et leur origine. D’autres défis pourraient se poser dans le traitement des comprimés, notamment en ce qui concerne le débit de poudre, la compressibilité ou le poids des comprimés souhaités. De plus, des formes médicamenteuses modernes, comme les comprimés à dissolution orale ou rapide, nécessitent des délitants qui agissent de façon typique et rapidement (en quelques secondes). Le terme « superdélitants » désigne la prochaine génération de délitants en raison de leur efficacité supérieure, et de leur flexibilité en matière d’applications et de faibles niveaux d’utilisation.
Le glycolate d’amidon sodique et la croscarmellose sodique sont les deux superdélitants les plus couramment utilisés. Ces deux substances sont synthétisées à partir de polymères de glucose. L’amidon est essentiel au glycolate d’amidon sodique, et la cellulose à la croscarmellose sodique. Des modifications sont apportées aux deux principaux composés chimiques de l’amidon et de la cellulose afin d’améliorer leur pouvoir de désagrégation. L’ajout de carboxyméthyl de sodium permet l’absorption de l’eau et confère une solubilité dans l’eau froide, tandis que la réticulation de la chaîne principale de polymères réduit la fraction soluble dans l’eau et la viscosité de la dispersion qui en résulte. L’équilibre optimal entre le degré de substitution et l’étendue de la réticulation permet une absorption rapide de l’eau sans la formation d’un gel visqueux qui pourrait compromettre la dissolution.
En ce qui concerne le glycolate d’amidon sodique, la source d’amidon joue un rôle important. Par ailleurs, on utilise de préférence la fécule de pomme de terre lorsque la taille des particules joue un rôle dans le cas de la croscarmellose sodique. En effet, il a été démontré que des particules plus grossières augmentent l’efficacité de cette substance. Ces deux substances peuvent être utilisées de façon intragranulaire ou extragranulaire et sont efficaces comme superdélitants lorsque leur concentration dans les comprimés se situe entre 1 % et 5 %.
Ainsi, la sélection du bon délitant et de la bonne concentration repose sur plusieurs paramètres de préparation et de traitement, ainsi que sur les caractéristiques souhaitées pour obtenir le produit fini.
Quadra offre actuellement le glycolate d’amidon sodique Stargel® de Sigachi, synthétisé à partir de fécule de pomme de terre, et la croscarmellose sodique HiLoseTM, deux superdélitants de qualité supérieure BPF et conformes aux nombreuses normes officinales pour les produits pharmaceutiques et nutraceutiques.